Vendredi soir, quatre jours avant le 25 décembre, les familles résidant au Cada étaient invitées à fêter Noël aux Restos du Cœur. La famille ivoirienne étant partie à la maternité d'Issoire pour ramener la maman et la petite fille dont elle vient d'accoucher, il restait quatre familles à accompagner à la Maison de l'Instruction à Brioude où se tenait la fête. La famille kurde (M. et son papa), la famille colombienne (M., L. et M. avec leurs parents), la famille albanaise (J., Z. et A. avec leurs parents) et enfin la famille arménienne (R., K. et S. avec leurs parents) arrivée il y a moins d'une semaine. Si on sait compter, cela faisait 17 personnes à transporter: 8 dans le minibus conduit par Dominique, 4 dans la voiture de Paule et 5 dans ma propre voiture (qui est quand même pas très propre). Le compte était bon.
À 17h30, les sièges bébé*, les rehausseurs — pour les moins de 10 ans — installés, il ne restait plus qu'à partir et pour Paule et Dominique à récupérer J. et M. à la sortie du collège Lafayette.

Arrivés sur place avec notre petite troupe, nous avons grimpé les escaliers quatre à quatre pour nous rendre à la salle Allier où avait lieu la fête. Elle était déjà commencée. Apparemment ils avaient déjà pris le goûter.
Avant la distribution des cadeaux, il y avait, sur une petite scène improvisée, un spectacle de contes. Mais ayant dû m'absenter pour faire une course à Brioude, je ne peux en dire guère plus. Renseignements pris auprès de Paule, il s'agissait d'un spectacle interactif — avec la participation des enfants — de Séverine Sarrias, conteuse professionnelle brivadoise (voir ici ou là).
À mon retour, le spectacle de contes était fini et le Père Noël avait commencé la distribution des cadeaux. C'est à ce moment que L. a été appelée au micro pour aller recevoir son cadeau.
J'ai à peine eu le temps de me précipiter pour faire la photo.

À mesure que s'égrainaient les prénoms des enfants, ceux-ci venaient sur scène recevoir leur cadeaux des mains du Père Noël, posaient pour la photo sur les genoux du Bonhomme et couraient rejoindre leurs parents pour découvrir, en déchirant hâtivement le papier d'emballage, le précieux cadeau.
J'ai appris, à cette occasion, que L., le papa de la famille colombienne, est bénévole depuis plusieurs mois déjà aux Restos du Cœur. ainsi qu'au Secours populaire C'est lui qui faisait passer, avec d'autres bénévoles, les cadeaux au Père Noël.

Les cadeaux étaient pour les enfants de moins de dix ans (les plus grands pouvaient aller choisir des livres et des illustrés à volonté), mais ça ne m'a pas empêché, moi dont les dix ans sont très, très, très loin, de monter sur la petite scène, à l'appel des prénoms de la famille absente, pour récupérer les cadeaux à leur place. Je vous rassure, je n'ai pas fait la photo sur les genoux du Père Noël!
Des bénévoles du Restos du Cœur ont dit à Paule qu'il y avait beaucoup plus de monde cette année que les années précédentes. Est-ce à dire qu'il y a plus de familles précaires ou que les personnes précaires ont moins peur de montrer leur précarité?**
Nous sommes rentrés à la Loco vers 19h30. Cela tombait bien, O. le papa de la famille ivoirienne revenait au même moment en voiture de la maternité d'Issoire avec sa petite famille qui compte désormais un membre de plus. J'ai pu leur remettre leurs cadeaux.

Une petite réflexion personnelle pour finir.
Quand on pense que notre pays, un des plus riches du monde, s'est, après 40 ans de dérive libérale, débarrassé de toute ses missions sociales en se reposant sur la bonne volonté, et elle est grande, des associations et des bénévoles.
Que nos gouvernants continue à délester la main gauche de l'Etat, comme dit Bourdieu, la sociale, pour armer toujours plus la main droite.
Que les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres et nombreux.
Retenons nos larmes sentimentales devant tant de misères et d'injustices, mais gardons les yeux secs d’un profond chagrin et d'une grande colère pour continuer à nous battre.
Ceci n'engage que moi
JP
* Moins de 10 kg, de 9 à 18 kg, dos à la route jusqu'à 13 kg, harnais, réhausseur... C'est tellement complexe que même Dominique, notre professeur de code de la route s'y perd un peu...
** voir l'article "Le regard des autres, c’est horrible"